Pourquoi utilise-t-on l’expression « c’est d’la soupe » pour qualifier des chansons ou des musiques que l’on juge mauvaises ?

Terme péjoratif désignant une musique « entendue », sans consistance, qui ne tient pas à l’estomac, qui ne peut faire office de « plat de résistance », la musique considérée comme une soupe se présente sous la forme d’un corps tonal formaté, liquide, dégoulinant de bons sentiments, aux rythmes, structures et accords entendus et attendus. Avec la soupe musicale, l’oreille ne trouverait donc a priori rien à se mettre sous la dent.
Cependant, c’est faire injure à la soupe, aliment liquide composé de légumes mixés, que de l’associer à « la musique sans estomac » ? Car la soupe est le plus souvent bonne, quoique parfois sans saveur. Disons qu’elle est primaire. C’est l’aliment des jeunes et des vieux jours. Et des soirs d’hiver.
Pourquoi utilise-t-on donc cette expression ?
Proposition 1
La musique appelée « soupe » est un aliment acoustique liquide destiné aux « sans-dents » (concept de classe attribué à François Hollande et servant à désigner la plèbe, la populace, la masse, la foule, le peuple, bref les durs d’oreille…).
Proposition 2
De même que les Sans-dents ont en réalité des dents, les Sans-oreilles ont des oreilles, même s’ils sont, il est vrai, différence et rapport de classe oblige, le plus souvent sourds aux nourritures sonores plus solides, plus complexes ou plus subtiles, celles qui précisément demande du temps pour être appréciés. Mais on ne peut, sauf exception, être au four de l’usine et au moulin de la dégustation musicale.
Proposition 3
La soupe est un produit de consommation destiné à alimenter le désir de consommation.
En perte cruelle de valeur économique depuis la quasi disparition du disque, la soupe musicale ou musique des sans-dents squattent les supermarchés et les boutiques de fringues, devenues de vraies boîtes de nuit de jour.
Au son de la soupe, musique d’ambiance et de shopping, faire les courses devient un acte fun, cool, branché, in, presque innocent. Ceci dit, la musique, depuis l’avènement de l’enregistrement et de sa diffusion de masse, s’est toujours faite l’écho ou l’initiatrice de nouveaux modes de consommation.
Proposition 4
Après le Soap opera des années 60, initialement “produit et commandité par des fabricants de savon et autres produits d’hygiène” (Wikipedia), la décennie 2000 a vu le développement de la Soupe Opéra. Cette dernière ne visait pas uniquement à écouler la soupe musicale, mais également tout un ensemble d’affects, d’objets, de modes d’être et de représentations.Proposition 5
Plus que les paroles, l’air musical fait aire, bulle. Il donne l’impression d’être dans le vent.